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  • : Au collège
  • : Je suis professeur d'histoire-géographie au collège Félix-Djerzinski de Staincy-en-France. Ce métier me rend malade et il fait ma fierté. Avant d'en changer, je dépose ici un modeste témoignage.
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8 novembre 2007 4 08 /11 /novembre /2007 23:18
En-col--re.jpgUn mouvement de protestation monte dans plusieurs Universités françaises. Ce n'est pas directement lié au thème annoncé par le titre de ce blog ; mais ce n'est pas, non plus, complètement étranger, et c'est un sujet qui me tient à coeur. J'ai en effet enseigné quatre ans en fac d'histoire, tout en y étant inscrit comme doctorant ; ce double titre me permettait d'avoir des échanges avec les étudiants comme avec les professeurs (même si les premiers me craignaient et que la plupart des seconds ne m'accordaient aucune importance). J'ai ainsi assisté des premières loges à plusieurs périodes d'agitation estudiantine.

Ces expériences m'ont édifié. Pour ceux qui n'auraient pas eu la chance de vivre de l'intérieur un "mouvement étudiant", voici la chronologie quasiment intangible des faits.

1) Un groupuscule de jeunes gens très idéologisés déterre la hache de guerre pour une raison quelconque. Il s'agit notamment des syndicalistes UNEF, mais ceux-ci étant en général très peu nombreux accueillent bien volontiers l'enthousiasme combatif de militants LCR, anars, altermondialistes, etc. Les seconds ne tarderont d'ailleurs pas à déborder les premiers qui, ironie de l'histoire, se feront in fine traiter de dégonflés par les irréductibles guérilléros rouges et noirs.
Les étudiants mécontents affirment immanquablement que leur révolte est due à des motifs très graves : il s'agit de défendre le modèle français d'enseignement supérieur, d'éloigner de l'Université la convoitise des puissances d'argent, de préserver le principe d'égalité, de sauver la démocratie en danger, etc. Il m'a toujours semblé, cependant, que les mouvements étudiants obéissaient simplement à un réflexe pavlovien d'opposition au pouvoir. Je suis convaincu que si demain, un gouvernement de droite imposait que les présidents d'Université revêtent une toge en poils de lapin lors des réunions plénières, il se trouverait des gens pour crier que non ! pas ça ! pas la toge ! les poils de lapin, c'est le retour de la Bête Immonde ! Et la lutte de s'organiser.
On croit souvent que les étudiants sont manipulés de l'extérieur. En réalité, les étudiants se manipulent tout seuls, en se gavant de grands mots et en s'essayant vainement à rejouer Mai 68.

2) Ce petit groupe tente dans un premier temps de recruter et de convaincre par des moyens classiques : tractage, réunions publiques, affichage, etc. C'est l'ordinaire médiocre du travail politique, dont ne saurait se contenter la jeunesse impétueuse. Aussi cette dernière, constatant qu'elle ne parvient aucunement à ébranler l'apathie de la majorité des étudiants, passe à la phase

3), qui consiste à durcir le mouvement pour décider les indécis et donner un écho médiatique à un mouvement encore microscopique. On convoque donc des AG où l'on rassemble, en rameutant le ban et l'arrière-ban, quelques centaines de personnes sur les 10 ou 15.000 que peut compter la fac.
Il faut d'ailleurs remarquer, sur un plan général, que les agitateurs présentent un profil très particulier.
*Ce sont des enfants des classes moyennes (les rejetons de la bourgeoisie regardent tout ce cirque avec un dédain bien fondé, et les méritocrates issus des quartiers pauvres préfèrent travailler que de discutailler ad nauseam).
*Ils vivent intensément un premier engagement politique et/ou syndical (ce qui les place en porte-à-faux avec l'immense majorité de leurs camarades, qui sont très atones sur ce point).
*Ils sont inscrits en lettres et sciences humaines : les facs de droit, de science ou de technologie ne participent quasiment jamais à ce genre de mouvement. Pourquoi tant d'agitation chez les sociologues et les historiens ? Pour plusieurs raisons. Leurs professeurs sont souvent très à gauche et ne se privent pas de le laisser transparaître dans leurs cours. Le travail et l'investissement des étudiants est souvent moindre, avec, aux partiels, un taux d'échec ou d'absence absolument hallucinant -et ce dilettantisme les rend disponibles pour d'autres activités. Enfin, les principaux, pour ne pas dire les seuls débouchés de ces filières se situent dans la fonction publique, ce qui induit, chez ceux qui les suivent, une mentalité spéciale (pas forcément méprisable, mais spéciale).

4) L'AG ! Ce grand cénacle bouillonnant ! Ô glorieuse AG ! Toi que les "étudiant-e-s en lutte" invoquent à tout bout de champ comme une bouleversante expérience de démocratie directe.
L'AG est une assemblée où un bureau auto-proclamé décrète l'ordre du jour à sa discrétion, donne la parole à qui lui plaît, et n'admet d'autre vote qu'à mains levées. C'est un soviet. Elle décide bien entendu à une écrasante majorité que, face à la surdité du gouvernement, le durcissement de la lutte s'impose comme une triste fatalité. Les "grévistes" (je place l'expression entre guillemets parce qu'elle me paraît relever de la plus parfaite absurdité, s'agissant d'étudiants) se sentent déliés de toute espèce de scrupule par ce vote démocratique : ils n'ont "pas le choix".
Aussi vont-ils recourir à une violence de basse intensité, qui suffit généralement à perturber le bon fonctionnement des cours. Il suffit de mettre un peu de colle forte dans les serrures des salles de classe et d'établir quelques barrages filtrants à l'entrée des bâtiments. Un autre procédé très efficace consiste à chaparder toutes les chaises et à les stocker dans un amphi, où elles resteront sous bonne garde. Les professeurs répugnant à faire leurs cours debout ou assis par terre, les reporteront sine die. Personnellement, je me rappelle avoir réussi à maintenir mes TD dans une Université presque entièrement occupée ; j'accueillais la douzaine d'élèves qui avait le courage de braver les piquets de grève dans mon minuscule bureau. C'était très inconfortable mais nous étions fiers et heureux de nous retrouver dans ce contexte. Un excellent souvenir.

5) C'est une triste loi de la vie démocratique : les gueulards irresponsables se font toujours mieux entendre que les personnes modérées et de bon sens, du moins dans un premier temps. Cette règle s'applique à la puissance dix en milieu universitaire. Les étudiants paisibles se sentent souvent humiliés par la surexposition médiatique de zozos qui ne les représentent en rien, mais ils baissent la tête et se taisent ; beaucoup d'autres décident de prendre leur parti des évènements en s'octroyant quelques journées de repos bien méritées. "Le mouvement s'étend", titre alors la presse, qui croit pouvoir y déceler une vive hostilité aux projets du ministre.
Un cours est annulé, puis trois, puis dix. Les enseignants sont trop divisés pour prendre une position commune face au chaos croissant. Certains sont exaspérés mais impuissants ; ceux qui ont le courage de dire tout le mal qu'ils pensent de ces pitreries sont conspués - et c'est un spectacle vraiment navrant que de voir l'autorité intellectuelle de ces vieux savants tournée en dérision par des coquelets d'une ignorance crasse. D'autres enseignants, d'ailleurs, sont complices des "grévistes" ; et presque tous se réjouissent au bout du compte de voir annuler des cours de premier cycle qui sont pour eux autant de corvées. Voilà du temps gagné pour leurs recherches personnelles.
Le président de l'Université, quelle que soit son expérience de ce genre de situation, commence quant à lui à s'inquiéter ; mais il n'ira jamais, au grand jamais, jusqu'à solliciter l'intervention des forces de l'ordre pour dégager les insurgés à la mie de pain. Car il a bien souvent la coupable faiblesse de "comprendre" ces étudiants.

6) L'impunité totale donne des ailes à la minorité agissante. Des émissaires viennent prêcher la bonne parole dans les cours maintenus, invitant leurs camarades à les rejoindre, et qualifiant de jaunes ceux qui s'y refusent. La fac est bientôt occupée. Les AG s'y multiplient et durent très tard ; on y refait le monde, on y vote des motions sur tous les sujets de la Terre. Ceux qui dorment dans les locaux pour "monter la garde" boivent, fument, baisent. Ils vivent une expérience dont ils se souviendront toute leur vie avec tendresse. Ils sont si jeunes qu'on voit encore du lait sur leurs frimousses ; et ils vivent une grande aventure : jouer à la révolution, c'est tellement plus rigolo que d'user ses fonds de culotte à la BU ! Bref, c'est un rite de passage d'autant plus indispensable qu'il n'y a pas de bizutages dans les facs de lettres.  
A ce stade, les rebelles ont complètement oublié contre quoi ils se battent, mais sont d'autant plus intransigeants. "On ne lâchera rien !" Portées par cette ambiance romantique, de nouvelles recrues se manifestent -sans permettre toutefois aux "grévistes" actifs d'atteindre 1 % des étudiants inscrits.
Parallèlement, les plus radicaux commencent à vandaliser les locaux et invitent des "amis" (SDF, marginaux, délinquants) à les y rejoindre. Dans la faculté où j'enseignais, des artistes anonymes avaient trouvé le moyen de coller des tables et des chaises sur les murs et les plafonds des trois grands amphis. Plusieurs millions d'euros de dégâts au total.

7) Trois ou quatre semaines passent ainsi. Informée par rumeurs de ce qui se passe dans les locaux occupés, la présidence de l'Université se fait de plus en plus de cheveux blancs. Les étudiants neutres commencent à gronder en pensant à leurs partiels : ils n'en ont rien à foutre, de tout ça, ils ne veulent tout simplement pas perdre leur année. Qu'on les laisse travailler un minimum. -Quant aux étudiants hostiles, ils n'hésitent plus à l'ouvrir.
Pour contrer cette vague d'hostilité croissante, les mutins ont recours à des procédés vieux comme le monde. Les voix discordantes qui s'expriment dans les AG sont couvertes par les huées ; la proposition de recourir à un vote A BULLETINS SECRETS pour décider de la poursuite du mouvement est dédaigneusement rejetée. Ne pouvant plus argumenter sur le caractère démocratique de leur mouvement, les "grévistes" se placent sur le terrain des principes : ils sont peut-être minoritaires, mais ils défendent l'intérêt de tous, de façon héroïque et quasiment sacrificielle. Ils planent à des altitudes inatteignables.

8) Le gouvernement lâche alors trois grains de lest, en présentant ce geste comme une concession majeure (on abandonne les poils de lapin, remplacés par des poils de loutre). Les "grévistes" ne sont pas dupes, mais beaucoup sont fatigués par des semaines d'activisme, et commencent eux aussi à avoir peur de se planter aux examens. Le groupe des motivés se scinde, non sans un échange de mots aigres.

9) Les jusqu'au-boutistes tentent un baroud d'honneur, qui échoue comme de juste mais qui leur laisse la conscience tranquille. L'une des fonctions essentielles de la grève a été atteinte, avec le recrutement d'une nouvelle génération de combattants. La frustration qu'ils éprouvent commence à fermenter en eux : c'est ce qui leur donnera l'énergie nécessaire, l'année suivante, pour reprendre tout ce barnum à partir du point 1).

En attendant la prochaine crise d'épilepsie, l'Université somnolera dans sa médiocrité. 


C'est on ne peut plus clair : l'Université française n'a pas besoin de nouvelles sources de financement.
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commentaires

I
Sarkozy a déclaré se préoccupper des facs,des étudiants qui voulaient étudier.....qu il recevait toutes les victimes..... Vous ne representez pas les étudiants pris en otage??N ètes vous pas proche de l UMP?? le gouvernement joue et rejoue la causette avec le mignon pompier pyromane de Julliard..QU ATTENDEZ VOUS POUR VOUS MANIFESTER??  Ps)vous m excuserez pour mon exaspération mais j attend(ais...)vainement une reponse de Zuniga de l UNI Lille qui à mes yeux n est autre qu un Julliard bis (en compétence zéro LUI...http://lcrcalvados.fr/IMG/jpg/unef095_2_.jpg  )Je n aurais mème pas du le contacter en fait car à l époque du cpe il m avait dit que si "Sarkozy baissait sa culotte il quitterait l UMP...et il est toujours là..et tjrs aussi incapable... Soit... pensez vous pouvoir faire entendre le message des étudiants (les vrais pas les syndicalistes) à votre petit président??  
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D
Chère Isabelle, je ne représente bien évidemment personne d'autre que moi-même, je ne suis pas proche de l'UMP et j'ai trop de choses à faire pour "me manifester" (je ne comprends d'ailleurs pas très bien ce que vous entendez par là). Vous paraissez fatiguée et nerveuse.
H
juste pour dire que j'aime beaucoup la photo!!! Je pense que cela ferait très bien dans les amphi de Censier (paris3) qui  sont à ce jour immonde. Par contre ton article...hummm...comment te dire...c'est du grand n'importe quoi!!!:)
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D
Merci pour cette contre-argumentation convaincante.
K
Suis je l'exeption qui confirmera votre raisonnement?Je fais partie de ces méritocrates (orpheline, 400 euros par mois pour vivre, 365 jours par ans dans 9 m2, 4 années de fac de lettres derriere moi, deug et licence avec mention) et pourtant, même si je travaille, je discutaille, et le pire, c'est que j'en suis fière, car avant de me définir comme une étudiante, je suis avant tout une citoyenne, alors oui, je m'accorde le droit de contester une loi! (oh là là, la vilaine gauchiste que je suis)Votre article n'est qu'un ramassis de clichés mon cher Devine.Venez faire un petit tour à la fac d'Amiens (ma chère petite fac), ici, même les futurs magistrats, économistes, laborantins, informaticiens et autres ont bloqué leurs facs: comme quoi, il n'y a pas que ces fumistes de sociologues, psychologues et autres humanistes qui réfléchissent... Et, désolée de le souligner, mais voyez vous, les gauchistes comme moi ne peuvent s'empêcher de prêcher pour leur paroisse, j'ai connu le CPE, maintenant je connais la LRU, et je n'ai jamais vu le moindre grafitti sur une table, même pas un petit chewing gum sur une chaise: alors non nous ne sommes pas des vandales et nous ne dégradons pas les locaux. Et votre article, c'est peu être un bel argumentaire, mais à aucun moment vous vous demandez pourquoi nous foutons un tel "bordel"? Y avez vous seulement réfléchi?
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D
Chère Kti,Bravo tout d'abord pour ton parcours méritocratique. Tu représentes, en quelque sorte, une espèce en voie de disparition, puisqu'un parcours comme le tien deviendra impensable dès que les méchants présidents d'Université auront vendu les facs aux méchants vampires du MEDEF, qui s'empresseront d'exiger que les amphis portent des noms de marque et que les droits de scolarité soient multipliés par cent. Tu l'as échappé belle ! N'oublie pas d'éteindre la lumière en sortant.Tu as tout à fait raison : mon texte est entièrement composé de clichés. Je n'ai pas prétendu faire oeuvre d'imagination, et je me suis contenté de faire la synthèse de ce que j'ai vu et entendu durant une expérience universitaire qui, tu m'excuseras de souligner ce point, est autrement plus longue et plus complète que la tienne. Je préciserai par ailleurs que je n'ai rien contre les clichés, qui, comme on sait, traduisent assez exactement la réalité des choses dans une forte majorité des cas. Je n'ai pas besoin de me demander pourquoi vous "foutez le bordel", car je le sais : vous êtes contre le port de toges en poils de lapin. Je pourrais argumenter en faveur de la loi Pécresse -et je l'ai fait, d'ailleurs, dans ma réponse aux commentaires qui ont précédé le tien ; lis-les si tu veux. Mais là n'est pas le problème que j'évoquais dans mon texte. Ce dont j'ai parlé, c'est de la conception que les étudiants "grévistes" ont de la démocratie. Tu as le droit de détester la LRU, de le dire, de le crier, de le publier, de faire signer des pétitions contre elle, d'élire lors des élections étudiantes des représentants qui y sont farouchement hostiles, tu peux ouvrir un blog qui soit spécifiquement dédié à la tailler en pièces, tu peux écrire à la ministre, prendre ta plus belle plume et proposer des articles de fond aux quotidiens et aux hebdomadaires ; tu peux même t'immoler par le feu si tu estimes que cette cause le mérite (c'est ta vie après tout). Mais tu n'as absolument pas le droit de bloquer l'Université. Car en la bloquant tu entraves le droit au travail de tes collègues et de tes enseignants, et tu t'appropries un équipement qui est mis à la disposition de tous par la Nation. Voilà le fond du problème. Vous n'êtes pas des démocrates. Alain Finkielkraut (oui je sais, c'est un vieux facho) a fort bien situé le problème quand il a dit : "ce mouvement est odieux parce qu'il signe l'entrée en politique d'une génération entière sous le signe de la manipulation et de la violence". Que dire de plus ?Dernière chose : tu féliciteras bien de ma part tes camarades, qui se sont -chose incroyable !- abstenu de vandaliser leur faculté. Quel sens civique ! Quelle grandeur d'âme !
P
Bonsoir Devine, J'ai découvert ton édifiant billet à cette adresse : http://stopblocage.over-blog.com/article-7260051.html, et y ai laissé un commentaire tout en ayant présupposé ton engagement dans le collectif, fait démenti par "StopBlocage" (il aura fallu les contacter par mail pour obtenir l'adresse de ce blog). Ainsi mon commentaire en perd un peu de sa valeur, mais je demeure outré, choqué, étourdi par un tel tourbillon de préjugés, de complaisance, de prétention, et de mensonges. Je m'y suis un peu arreté sur le site du groupe social "anti-bloqueurs" (par opposition au groupe social "groupuscule de jeunes gens très idéologisés"), car je considère déplorables ces raccourcis et ces innombrables périphrases condescendantes qui ornent et structurent ton discours (technique journalistique de bas-étage qui n'est pas sans rappeller les tracts qui circulent concernant la LRU, et qui sont d'ordinaire plutôt étiquettés "extrème gauche"). Ces débats de belles formules, très prisés lors de l'élection 2007, ne contribuent-ils pas à nous diviser une fois de plus ? Ne serait-il pas plus interessant d'articuler un débat sur ce qui a véritablement un fond : la loi Pécresse ? Et pourquoi pas une discussion ?Peut-être auras-tu le temps d'aller lire mon commentaire sur le blog de SB, mais je crains qu'il n'ait d'autre effet que de nous diviser à nouveau, en t'enfermant dans ta suffisance aveugle et artistocratique des plus déprimantes, pour un étudiant-citoyen comme moi, et d'autres.Et s'il te reste un peu de temps, pourrais-tu développer un peu ton "profil-type" de l'agitateur, en précisant sur quels critères il repose, et quel message se planque derrière ce paravent stéréotypique lamentablement dédaigneux, sinon une attitude de doctorant suffisant ? Pourrais-tu, pour finir, m'affirmer que tu réitérerais ce même discours (disons opinion) devant Yassin, un ami bloqueur au statut plus que précaire (mais pas pour autant dénué de jugement, crois-moi), inscrit en L2 MPCIE ou encore Benoit, bloqueur aux géniteurs plus qu'aisés, qui lui aussi, en tant qu'étudiant en L3 droit, sent son avenir et celui de ses camarades en danger ?Et qu'est-ce que la mentalité "spéciale" de la fonction publique ? L'information m'intéresse, car la quasi-totalité de ma famille a, selon ton argumentation des plus éclairées, un mentalité "spéciale".
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D
Merci, Platon, des efforts que tu as faits pour retrouver l'original du billet publié (avec mon autorisation) sur le site stopblocage.over-blog.com. J'ai répondu là-bas au commentaire que tu as bien voulu me laisser. Je te confirme que je ne suis pas membre de ce collectif, même s'il a toute ma sympathie. Mon intervention est celle d'un simple citoyen. Un citoyen, toutefois, qui se prévaut d'une certaine expérience de ces sujets.Je pense avoir répondu à la plupart des objections que tu formules au fil de la discussion qu'a suscité mon billet, discussion que tu pourras lire ci-dessus. Pour aller vite :-je n'ai nullement prétendu constituer en groupe social les anti-bloqueurs -du reste, les anti-bloqueurs militants sont aussi peu nombreux que leurs antagonistes révolutionnaires. -pourquoi "nous diviser une fois de plus" ? Il faudrait que tu m'expliques d'abord qui est ce nous collectiviste. Si tu veux désigner par ce mot les quelques centaines de milliers d'étudiants français, je te répondrai simplement qu'il est bien naturel qu'ils soient divisés, car ils ont des intérêts, des stratégies, des opinions et des personnalités différentes. Moi qui suis citoyen et ancien étudiant, je ne partage guère tes idées, cher "étudiant-citoyen". Il n'y a rien de tragique à cela, nous pouvons même nous parler sur ce blog ou ailleurs. C'est très cool, ça s'appele la démocratie. -tu veux parler de la loi Pécresse ? Je veux bien en parler tant que tu veux, dès que tu auras admis comme préalable qu'il ne t'appartient pas d'empêcher l'application d'une loi de la République. La contester, la détester, c'est ton droit. Exiger son abolition en bloquant l'outil de travail de 20.000 collègues, alors que tu ne représentes personne d'autre que 500 post-ados réunis en AG, non. -la "mentalité spéciale" consiste, dès qu'un problème se pose, à réclamer pour le résoudre une intervention accrue de l'Etat. Les grévistes actuels la représentent remarquablement. Ils constatent comme tout le monde que l'Université est sous-financée, mais ils ne veulent à aucun prix de fonds privés. Devinette : qui est invité à augmenter son effort ? Extrêmement simple, en vérité.-je ne souhaite nullement m'entretenir avec tes amis Yassin et Benoît, d'une part parce que ta formulation a quelque chose de menaçant ("ouais, t'es même pas cap de nous l'répéter en face") ; d'autre part parce que le temps humain n'est pas indéfiniment extensible. Je travaille, je suis jeune papa, j'écris. Alors passer deux heures à vous expliquer que votre action est une farce sinistre, je ne peux pas. N'insiste pas. D'ailleurs vous vous en rendrez compte vous-mêmes dans quelques années, alors pourquoi me fatiguer ?
M
Merci pour cet article très bien écrit et criant de vérité! Je suis moi même étudiante et je ne puis que soutenir vos propos; c'est en effet exactement comme cela que se déroule les actions des étudiants. Une vraie machine infernale! La quesion que l'on pourrait se poser  est comment faire en sorte d'arrêter ce mécanisme ?
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D
Merci, chère Marie. A la question "comment faire en sorte d'arrêter ce mécanisme ?", ma réponse est "rien". Il faut seulement attendre que les agités des AG aient constaté l'échec de leur petite révolution. Et espérer que la prochaine fois, les présidents d'Université n'attendront pas des semaines avant de solliciter l'intervention des forces de police.