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  • : Je suis professeur d'histoire-géographie au collège Félix-Djerzinski de Staincy-en-France. Ce métier me rend malade et il fait ma fierté. Avant d'en changer, je dépose ici un modeste témoignage.
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15 septembre 2007 6 15 /09 /septembre /2007 15:12
La classe de quatrième dont je suis professeur principal me paraissait assez tranquille, mais dix jours après la rentrée je commence à déchanter. Plusieurs collègues se plaignent d'eux ; les petits salauds ont naturellement réservé un traitement de choc au professeur de maths, dont c'est la première année d'enseignement. Mes propres cours commencent déjà à dégénérer et le dernier, jeudi après-midi, s'est terminé dans le chaos. 
Une des élèves s'était fait voler son agenda durant le cours et faisait du scandale pour qu'on le lui rende. Comme le coupable refusait de se dénoncer, il a fallu appeler les CPE et procéder à la fouille de tous les sacs. L'objet est demeuré introuvable, soit parce que le voleur l'avait caché plus habilement, soit -hypothèse qui me mettait très mal à l'aise- parce que la victime avait en fait inventé toute l'histoire pour justifier son agitation et éviter que je ne la punisse. Dans le doute, les CPE ont opté pour la sévérité et ont collé l'ensemble de la classe un vendredi après-midi ; puis ils sont repartis, me laissant gérer au mieux les dix minutes qui nous séparaient encore de la sonnerie. La plupart des élèves ne m'accordaient évidemment plus le moindre intérêt et s'invectivaient à travers la classe -mon rôle se limitant à empêcher tout recours à la violence physique. Il va être délicat de les ramener à l'étude de l'économie européenne au XVIIe siècle.

Evidemment, les punitions collectives sont un procédé détestable (et extrêmement inefficace, car seuls les bons élèves les prennent à coeur). Mais que faire dans cette situation ? Désigner des otages ? 
Et ce dilemme se représente cent fois dans l'année -il faut choisir en un instant : excès de faiblesse ou excès de sévérité ; être méprisé ou traîner une encombrante réputation d'injustice. La plupart de mes collègues ont opté à contrecoeur pour l'ancienne maxime "Oderint dum metuant". Mais c'est très dur car, quand on est jeune enseignant, on ne se rend pas toujours compte que "faire preuve d'autorité" signifie bien souvent " chercher à se faire craindre". On n'imagine pas que la méchanceté puisse constituer une qualité pédagogique.
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